La musique devrait dans une certaine mesure être porteuse d’un message. Cependant, cette pensée s’amenuise au fur et à mesure que les styles évoluent, au point de s’interroger sur les causes réelles de ce phénomène.
Partis des rythmes folkloriques traditionnels accompagnés de messages aux sens profonds, les styles musicaux camerounais et gabonais sont à ce jour très variés. Dans ce nouvel élan de fraîcheur, notons que plusieurs artistes se distinguent sur la scène musicale locale et internationale et essayent tant bien que mal d’apporter un style frais. Néanmoins, pouvons-nous considérer ces efforts comme l’accomplissement même de notre patrimoine culturel musical ou juste comme un abandon de l’héritage artistique conçu par les patriarches (Richard Bona, Manu Dibango, Claver Pierre-Akendengue, Oliver Ngoma, Charlotte Dipanda…)?
La tendance musicale actuelle axée principalement autour du RnB, de la soul ou au rap, qui sont des tendances occidentales, ressemble davantage à une cacophonie où tout serait mélangé de façon folklorique. Le sens profond des textes y étant de moins en moins présent. Ainsi, la musique sensée toucher les cœurs et adoucir les mœurs se contente de faire un « bruit assourdissant ». Une contre-culture et une apologie du vide qui serait à l’image de la société actuelle où gagner de l’argent prend le dessus sur le reste…
La musique devrait-elle être réduite à faire danser le peuple sur un rythme saccadé? Peut-on dire que les résultats soient à la hauteur du potentiel de ces artistes ? Ces derniers auraient-ils oublié la responsabilité sociale attribuée par leur influence ?
L’effort mis pour produire un album est salué mais la nouvelle génération ne regarde assurément pas dans la même direction que leurs prédécesseurs. D’antan, il s’agissait très souvent de faire parler les mots sous un rythme précis pour avoir le plus d’impact dans les cœurs et de ce fait, être la voix des problèmes de notre société. A ce jour, il suffit d’un beat entraînant pour satisfaire le public , à l’image d’une société de plus en plus dépravée.
En revanche, la musique étant d’abord une question de sensibilité, de ressenti par la personne qui l’écoute, exiger une méthode d’écriture, une structure rythmique ou une certaine profondeur ne serait être de mise. En effet imposer certains codes à la jeune génération, dans un domaine qui relève de la créativité pourrait entraver le développement de leur identité artistique qui, comme du bon vin devrait s’améliorer au fil des ans. Ne sommes-nous pas trop exigeants envers cette génération qui tente de se distinguer des anciens paradigmes imposés par la musique et apporter une touche d’originalité sur ses œuvres ?
Quel est donc le réel problème ? Des artistes qui ne seraient pas à la hauteur ? Une jeunesse qui ne se contente que du minimum que leur intelligence puisse produire? Ou, faisons-nous simplement face à une incompréhension intergénérationnelle de l’expression « bonne musique »?